mercredi 24 février 2016

Téléfilm 10 : Tokyo Crisis - La mémoire des flammes (1998)



Titre Japonais : Honou no Kioku - Tokyo Crisis
Titre Italien : Tokyo Crisis - L'unione fa la forza (Tokyo Crisis - L'union fait la force)

Durée : 93 mn

Inédit en France

Couleur de veste : rouge


Résumé :
(traduit de la jaquette du DVD Italien chez Yamato )
 
Lupin est à la recherche d'un fabuleux trésor ayant appartenu, cent ans auparavant, à Yoshinobu Tokugawa. Maria est une journaliste ayant la capacité particulière de voir le futur. Zenigata est à la recherche permanente du gentleman cambrioleur. Il est écrit dans leur ADN qu'ils se rencontreraient. Mais il est également écrit quelque chose d'autre de très dangereux dans l'ADN de Maria, quelque chose qui pourrait amener à la création d'hommes sans âme, des êtres psycologiquement et physiquement parfaits et qui pourrait être utilisés dans la plus terrible création de l'homme : la guerre. 

Avis :
par Indianagilles (12/2008)
 
Aussi réussi soit-il, force est de reconnaître que Walter P-38 s'éloignait peut-être un peu trop du Lupin que nous connaissions vraiment. On n'y reconnaissait ni le Lupin du manga, ni celui de la plupart des animés. Bien que ce virage particulier dans les téléfilms ait été salutaire, continuer dans cette voie aurait probablement complètement dénaturer ce filou que nous adorons tant. Bref, les producteurs ont bien fait de revenir sur le "droit chemin" après une récréation fort agréable. De plus, cela permet à Walther P-38 de garder un cachet unique.
Ainsi, bien que Tokyo Crisis renie quelque peu le précédent téléfilm afin de revenir aux sources du Lupin des animés, il le fait si bien qu'il est impossible d'avoir le moindre regret. En effet, Tokyo Crisis est une immense réussite et peu se vanter d'être l'un des tous meilleurs téléfilms du gentleman cambrioleur !

Le téléfilm s'ouvre sur un Lupin tirant sur l'écran. On pense immédiatement à la célèbre mire des James Bond... encore une fois, impossible de nier un énorme clin d'oeil à la saga du plus célèbre des agents secret. On notera immédiatement un retour à un design cartoon avec un Lupin au visage simiesque, bien loin de son allure de play-boy de Walther P-38.
On retrouve dans Tokyo Crisis tous les éléments que l'on aime tant voir chez Lupin : beaucoup d'humour, des situations loufoques, une ambiance à la James Bond, des gadgets, des courses poursuite, un méchant mégalo, une pointe de fantastique, un scénario plus complexe qu'il n'y parait et surtout... un Zenigata qui pète la forme ! Peut-être parce qu'il avait été un peu trop mis sur la touche ces dernières années, ce téléfilm semble lui être complètement dédié en faisant tout simplement de lui le véritable premier rôle ! Du jamais vu ! La preuve pour montrer immédiatement qu'il faudra compter sur lui cette fois, il parvient même à faire échouer les plans de Lupin durant l'introduction du film ! Pour une fois, le dindon de la farce est bel et bien Lupin ! Cette idée magnifique permet à Tokyo Crisis de faire oublier son apparent classicisme et de nous présenter un Zenigata sous toutes ses coutures. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Zaza est présent ici : pourquoi il s'est engagé dans la police, pourquoi il porte toujours son imperméable, pourquoi il n'utilise jamais de téléphone portable...Jamais notre bon Zaza n'avait été dépeint avec autant de profondeur et de talent..
Du coup, afin de faire un peu plus de place au héro du jour, le reste de la clique est mis quelque peu sur la touche à son tour. Mais cela est fait de fort belle manière et permettra même de voir des situations cocasses et inhabituelles chez Goémon et Jigen. Ainsi, le premier s'est vu déposséder de sa fameuse épée Zantetsu et change ainsi complètement de personalité ! Alors qu'on le connaissait froid et méthodique, voilà que Goémon perd complètement son sang-froid pour se transformer en Samouraï hystérique et capricieux ! Sans son épée, il n'est plus rien et son honneur est complètement bafoué par le vol de son Zantetsu. Le voilà donc imprudent, nerveux, , maladroit... drôle ! Vraiment, ce Goémon là est à savourer car on sait qu'on le verra rarement dans cet état ! Quant à Jigen, il est atteint d'une rage de dent qui va handicaper tout le long du téléfilm. Impossible de tirer juste avec une telle douleur et encore moins de jouer les taciturnes mélancoliques... Ainsi, même s'ils sont scénaristiquement parlant quelque peu éloigné de l'intrigue principale, ils possèdent leur lot de scènes cultes et c'est bien là l'essentiel !
Fujiko elle se voit doter d'une rivale de taille : Maria est en effet l'une des Lupin's girl les plus intéressantes qui nous ait été jamais proposé. Doté d'un physique femme enfant, c'est surtout sa relation avec Zenigata, le véritable héros de cette histoire je vous le rappelle, qui est intéressante. Alors qu'au début du téléfilm Zénigata, comme d'habitude complètement obsédé par la capture de Lupin, en oublie pratiquement sa présence à ses côtés peu à peu leur relation va évoluer. Zenigata va rapidement faire office de figure paternelle et jouera tout autant les protecteurs pour elle... qu'elle pour lui ! Ainsi, lorsque Zenigata l'acceuillera dans son appartement où règne un désordre totale puisqu'il ne s'intéresse qu'à la capture de Lupin et en oublie tout le reste, elle prendra soin de lui en lui préparant notamment un bon repas. Ce dernier, tel un père typiquement japonais, lui conseillera d'apprendre à cuisiner si elle veut se trouver un mari ! Maria ayant perdu son père et Zenigata ayant un enfant qu'il semble ne jamais avoir le temps de voir (comme nous l'avons appris dans Le secret de Mamo) cette soudaine relation n'est pas aussi étonnante qu'elle le parait au premier abord...
Mettant donc en avant cette relation père/fille, nous constaterons que Lupin ne tentera pas vraiment de charmer la belle durant ce téléfilm., comme par respect pour son éternel rival mais surtout ami Zenigata. Du coup, il en profitera surtout pour renouer sa tumultueuse relation avec une Fujiko quelque peu effacée. Son habituelle scène de nue sous la douche sera d'ailleurs incroyablement moins "chaude" qu'à l'accoutumé ! On ne voit rien si ce n'est un sacré décolleté (faut pas abuser non plus hein !). Peut-être afin de redonner un aspect plus grand public, après un dernier téléfilm à l'aspect résolument adulte ?
Afin d'éviter de spoiler, comme à mon habitude je ne rentrerais pas trop dans les détails d'un scénario fort bien écrit. Je me contenterais de parler de l'un des thèmes principaux de Tokyo Crisis. Vingt ans après Le secret de Mamo, les scénaristes nous replonge dans l'univers du clonage. Si en 1978, le sujet était plutôt méconnu, en 1998, le sujet était sur toutes les lèvres. On se demandait alors, et on se le demande encore, si le clonage était  bénéfique pour l'homme. Bref, ce retour du sujet n'était peut-être pas complètement innocent et c'était donc une très bonne idée que de s'y replonger. Surtout qu'il est traité d'une manière complètement différente depuis le premier film de Lupin et évite donc ainsi une repompe qui aurait pu être dommageable pour le téléfilm. Ainsi, cette fois, c'est surtout la personnalité des gens qui est cloné afin de l'injecter dans des corps vierges et créer ainsi des êtres "parfaits". Rien à voir donc avec l'aspect d'immortalité et de divinité qui planait sur Mamo.
Vous vous êtes sans doute rendu compte que je n'avais pratiquement pas mentionné ce cher Lupin. Malgré son nouveau statut de second rôle de luxe, je vous assure qu'il n'est pas en reste. Ainsi, il assurera avec beaucoup de réussite la partie action du téléfilm et permettra également au récit de se développer. En parlant d'action, j'ai noté qu'une scène de poursuite semblait s'inspirer d'une scène du film L'aventure Intérieur de Joe Dante. Lupin, à l'instar de Jack Putter (interprété par Martin Short), se retrouve ainsi entre le capot d'une voiture et un camion en pleine course. Mais ce n'est peut-être qu'une coïncidence.

Tokyo Crisis est donc loin d'être un simple épisode de transition. C'est un téléfilm extrêmement travaillé et réussi du début à la fin. Tous les fans de Lupin, ou plutôt devrais-je dire de Zenigata, se doivent de le voir. Enfin je dis ça mais ce serait tellement plus facile à faire si ce téléfilm sortait enfin en France. Dybex en possède toujours les droits, alors avec un peu de chance...

Par Xanatos (08/2011)
Ce téléfilm a une réputation prestigieuse auprès de nombreux fans Japonais de Lupin III, mais aussi de beaucoup de fans Américains et Italiens... Cette renommée flatteuse est amplement méritée, car il s'agit, et de loin, de l'un des meilleurs téléfilms du roi de la Cambriole!
 
"Walther P-38" était un téléfilm formidable, mais il s'éloignait un peu trop de l'esprit d'un anime traditionnel de la saga, ce qui n'est pas le cas du TV Spécial qui nous intéresse ici. Lupin retrouve avec bonheur un design assez proche de la seconde série TV. D'ailleurs, il s'agit du premier anime de Lupin III auquel a participé Satoshi Hirayama (directeur de l'animation et character designer de Cat's Eye) et son character design sur cet opus est très réussi: il est très beau, drôle et expressif.
De plus Tokyo Crisis est certainement le long métrage qui met le mieux en valeur notre brave inspecteur Zenigata. Il y est dépeint avec beaucoup de finesse et de justesse. Zenigata suscite de nombreux débats sur les forums anglophones de Lupin : certains préfèrent le bouffon clownesque qui nous fait rire aux éclats, d'autres le fin limier qui ne lâche jamais sa proie. "Mort ou Vif" avait attribué un rôle remarquable à notre inspecteur favori, mais son côté comique avait hélas été occulté. Et  "Tokyo Crisis" nous donne indubitablement la meilleure version du personnage. Dans cette aventure, Zenigata se montre brillant, intelligent, perspicace et constitue un adversaire digne de ce nom pour notre héros: d'ailleurs dans l'introduction du téléfilm, il se montre plus malin que Lupin et ce dernier, s'il n'est pas attrapé par la police se fait tout de même berner en beauté!
Parmi tous les films/téléfilms de Lupin que j'ai vu, ce TV Spécial de 1998 est probablement le seul ou Lupin et Zenigata sont réellement traités sur un pied d'égalité. A ce titre, citons la scène hallucinante de l'autoroute ou notre duo préféré s'affronte est un morceau d'anthologie, qui plus est, remarquablement animé. Néanmoins, contrairement à "Mort ou Vif", Zenigata a gardé ce côté comique et un peu gaffeur qui le rendent également si attachant.
La relation qu'il entretient avec Maria la Lupin Girl de l'histoire est absolument magnifique. Maria est une jeune femme intelligente, douce, chaleureuse et très gentille. Elle est également très vive et maligne et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Et elle est plein d'attentions délicates envers notre cher inspecteur, ce qui donne lieu à des scènes intimistes assez attendrissantes. Certains éléments les ont rapprochés : Zenigata représente un peu aux yeux de Maria une figure paternelle car elle a perdu son père très jeune. Et on sait que Zenigata n'a pas non plus une vie privée très joyeuse, puisque obnubilé par son travail, il n'a jamais le temps de voir son épouse et sa fille. De plus, bien qu'il soit toujours déterminé à coffrer Lupin, il se rapprochera énormément de Maria et souhaite par dessus tout la protéger et lui permettre d'être heureuse. Pour la version originale, on saluera aussi l'interprétation sublime de Megumi Hayashibara qui insuffle beaucoup de douceur et d'émotion à Maria, et ce, tout en finesse et en subtilité...
Lupin lui reste fidèle à lui même, il est toujours aussi rusé, intelligent, débrouillard et rigolard. Néanmoins une fois n'est pas coutume, il ne cherchera pas à séduire Maria, peut être par respect envers son ennemi préféré. Goemon en revanche est méconnaissable: lui qui d'ordinaire est si humble, taciturne et renfermé, là, depuis qu'il a malencontreusement égaré son sabre Zantetsuken c'est tout le contraire: il se montre colérique, impatient, capricieux et a souvent les nerfs en pelote, donnant lieu à des scènes comiques hilarantes. De plus notre pauvre Jigen voit son habileté au revolver altérée par une épouvantable rage de dents! A ce sujet, la scène ou Lupin défonce à l'aide de sa voiture le bureau du dentiste de Jigen est tout simplement hilarante. Il n'y a guère que Fujiko qui soit un peu plus en retrait qu'à l'accoutumée, bien qu'elle soit toujours aussi vénale.
Ce qui est intéressant aussi avec le scénario c'est qu'il traite de plusieurs thèmes telles que les manipulations génétiques ou le clonage qui était à l'époque dans l'ère du temps puisque Dolly la brebis clonée est "née" deux ans auparavant (elle est par ailleurs évoquée sans être nommée) et ceux ci s'intègrent bien à la trame du téléfilm.
Quant au méchant Michael Suzuki, il est très charismatique et manie habilement l'art du double jeu.
Il est par ailleurs doublé avec brio par Koichi Yamadera (Spike dans Cowboy Bebop) et ce qui est amusant, c'est que lui et Megumi Hayashibara ont doublé justement Cowboy Bebop diffusé la même année ! Il interprétera d'ailleurs un autre Bad Guy de Lupin III, en l'occurrence Ratz dans le fantastique "Opération Diamant" en 2003.
Le scénario est excellent, son rythme narratif est soutenu, il regorge de scènes d'action très impressionnantes et de gags désopilants et est riche en émotion.
 
En bref, "Tokyo Crisis" est un excellent téléfilm de Lupin III, il est drôle, passionnant, bien mené et touchant. Il bénéficie également d'une réalisation technique de haute volée, l'animation étant excellente, très fluide et parfaitement irréprochable. C'est un téléfilm indispensable pour tou(te)s les fans de Lupin... et pour tous les autres ! On ne pourra que fortement regretter que Dybex ne l'ait pas édité, il aurait vraiment mérité de sortir en France...
 
 
Citations :

"Cet imperméable est ma marque de fabrique" Zenigata

"Je ne peux même pas me suicider sans mon épée !" Goémon

"Mais où mène cet ascenseur ? Attendez, j'ai déjà la réponse : au cimetière je dirais !" Lupin

"Fujiko, laisse-moi t'embrasser avant de mourir !" Lupin

"En ce moment précis, je ne suis plus policier" Zenigata


Anecdotes :

-Ayant acquis les droits en France de Tokyo Crisis, Dybex aurait dû le sortir couplé avec le téléfilm Walther P-38 dans un 4eme médiabook. Malheureusement, les ventes décevantes des précédents volumes ont freiné leur intention. Il semblerait que les deux téléfilms n'aient même pas été doublés en français et ils ne sortiront probablement jamais chez nous.

-Dans le doublage Italien, l'acteur Enzo Consoli, décédé le 16 février 2007, prète pour la dernière fois sa voix au personnage de Zenigata. Bien qu'il n'était plus sa voix officielle depuis 1992, il aura rempillé pour retrouver son personnage fétiche pour les redoublages de certains téléfilms.
 
-Il existe un second doublage italien de ce téléfilm ayant été diffusé à la télévision. Cette fois, c'est sa voix officielle depuis 1992 Rodolfo Bianchi qui doublait l'Inspecteur Zenigata. Ce doublage est inédit en DVD et pratiquement introuvable depuis sa diffusion.


D'autres anecdotes à venir

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire